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Assassinat de Jovenel Moïse : Haïti peut en tirer profit.


Aucun événement désastreux n’est que douleur : Il y a toujours un cadeau, des avantages, des leçons importantes à en tirer. De grandes décisions sont prises après des catastrophes naturelles, des failles au niveau d’un système quelconque. Sur le plan personnel, le caractère se forme dans ses moments difficiles. On apprend, peut-être, des leçons qu’on aurait dû apprendre dans des conditions dites normales. 

Dans le contexte de l’assassinat du président de facto, Jovenel Moïse Haïti a tout à gagner. Mais, l’histoire nous a prouvé que nos dirigeants n’ont profité d’aucune occasion afin de repartir sur des nouvelles bases. On peut citer à titre d’exemple le tremblement de terre du 12 Janvier 2010. 

Ce séisme dévastateur, qui avait fait plus de trois cent mille (300 000) morts, avait mis à nu la non-applicabilité des normes de construction. Le cataclysme avait aussi prouvé le laxisme des dirigeants, notamment ceux du service de génie au niveau des mairies du pays. Et de fait, les constructions, à date, se poursuivent en dehors des normes établies par l’État. C’est dommage que les dirigeants d’alors n’aient profité du séisme pour la reconstruction du pays, encore moins pour faire appliquer les normes de construction. 

La mort de Jovenel, un corrompu et un corrupteur en moins

L’ex-président faisait partie d’une bande de corrupteurs. Il avait commencé depuis avant sa présentation comme candidat à la présidence. L’on se rappelle le brûlant dossier Petrocaribe. Le rapport de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif indexe Jovenel Moïse plus de soixante (60) fois dans le document. Le président d’Agritrans s’est même fait passer pour un ingénieur. Pourtant, il n’avait ni titre, ni qualité. Donc, il était aussi un usurpateur de titre. 

Entre le mensonge et la corruption, Jovenel Moïse s’est fait un nom. Son mandat était caractérisé par les promesses non-tenues, d’assassinats en série de journalistes et de militants, de massacres et de toutes formes d’exécution. En plus, c’était aussi le règne des gangs armés. La Commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et Réinsertion, CNDDR, avait fédéré neuf (9) gangs, regroupés au sein du G9. Emmené par le puissant chef de gang Jimmy Chérisier, dit Barbecue, le G9 était son bras armé. Il défiait et défie encore la PNH. Les membres de ce gang organisent des manifestations de rue, armés de fusils de guerre, en toute quiétude. Pourtant, des mandats émis contre Barbecue n’ont jamais été exécutés. Les bandits allaient même jusqu’à imposer leur propre ministre. 

En clair, la mort de Jovenel Moise ne saurait être une perte pour Haïti. Le pays compte, désormais, un corrompu en moins. Rien ne justifie son assassinat, mais être impliqué dans des affaires louches entrainent de grandes conséquences.

La pêche sera fructueuse…

Jovenel Moïse était la main qui exécutait. Il faisait plaisir à ceux qui l’avait entrainé dans la corruption, ceux envers qui il était redevable. Ceux qui l’ont abattu sont des criminels, c’est la moindre des choses à conclure. Il est clair et même impératif que Justice doit être rendue pour tout crime commis. 

L’inquiétude, quant à la non-aboutissement de cette enquête serait grande, s’il s’agissait seulement d’une enquête haïtienne. La preuve est que plusieurs meurtres, dont celui de maître Monferrier Dorval restent jusqu’ici impunis. Un meurtre dont l’ancienne première dame, Martine Moïse, est la première suspecte. Quant au  juge en charge de ce dossier, il a dû se mettre à couvert, après avoir vu ses agents de sécurité désarmés. Cependant, puisque la Colombie, dont des citoyens sont indexés dans le meurtre de l’ancien président Moïse, on peut espérer des avancées considérables. De plus, une délégation du FBI se mêle également de la partie.

La Colombie a tout intérêt à rétablir la vérité, afin de laver son image. Les États-Unis, encore plus, car ayant tellement d’influence dans la zone, il serait inconcevable que l’exécution d’un ancien président resté au pouvoir au-delà de son mandat, et supporté par la bannière étoilée, soit exécuté de la sorte. De plus, il est fait mention de la DEA dans l’attaque contre la résidence de Jovenel Moise, selon une vidéo de surveillance de la maison. Donc, il y a du pain sur la planche. 

Les réseaux de criminels, de corrupteurs sont nombreux en Haïti. Avec cette enquête, Haïti a intérêt à profiter des expertises étrangères. Ce qui peut conduire à la destruction d’autres réseaux de criminels, sachant que les ramifications sont nombreuses dans ce pays. 

Ce crime montre à quel point le pays est comme un passoir. Tout le monde y a accès comme il veut, sans trop grandes restrictions. Les frontières qui ne sont pas bien surveillées sont aussi la faille qui donne accès, très souvent, à des personnes indésirables. Cette situation doit aussi nous permettre de comprendre la nécessité de mettre sur pied un service d’intelligence réel, afin de prévenir d’autres cas dans le pays.  La mort de Jovenel Moïse, un bénéfice pour le Pays, mais il faut savoir en profiter.

Crédit Photo: France 24

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