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Si j'étais à sa place...

Son excellence Michel Joseph Martelly. Crédit Photo: Haiti Libre

Être homme, dit-on, c'est savoir reconnaître ses torts. Et puisqu'on n'est pas parfait, il arrive qu'on commette des erreurs, qu'on soit conscient ou pas. 
Croire tout savoir est une folie, alors que reconnaître ses faiblesses permet d'apprendre et d'éviter de commettre des bêtises. Voilà ce qui justifie la culture de la sagesse. Cette sagesse nous apprend à demander pardon pour les fautes commises, à réparer nos erreurs et ne pas persister dans le mal. Savoir reconnaître ses erreurs rend encore plus grand qu'on ne l'avait jamais été auparavant.  
A ta place...
Je comprendrais qu'être président par compromis ou étant élu au suffrage universel, est un privilège qui fait de moi un serviteur. Ce qui impliquerait que chaque citoyen doit avoir mon respect, peu importe son appartenance religieuse, politique ou sociale. Je comprendrais que la couleur de la peau n'est pas un critère pour l'octroi de privilèges au détriment des autres. Et quand on est serviteur, on doit être toujours à l'écoute de ceux à qui on a des comptes à rendre. Le serviteur ne s'enrichit pas et ne permet pas à ses proches de tirer profits, en dehors des normes et des prescrits légaux. Il doit travailler à l'amélioration des conditions de l'existence de tous, et non primer le favoritisme et la corruption. 
 
Je comprendrais que le pouvoir, avec tous les privilèges du poste [la présidence], ne me permet pas de rabaisser les autres. Je comprendrais  que l'Opposition a le droit d'exprimer ses revendications, que les journalistes ont le droit de poser des questions d'intérêt public, que les femmes méritent mieux que les obscénités, que les ministres de mon administration sont des collègues qui méritent un traitement humain. Je comprendrais   également qu'il ne faut pas avoir des "souf nan tchou" pour conseillers, que les discours  "Tout Va Bien", "Vous faites du bon travail", peuvent m'induire en erreur. 
A ta place, enfin...
Je présenterais des excuses à la nation  pour les 30.000 maisons préfabriquées qui n'ont jamais été montées, pour la promesse de la création des 400.000 emplois non tenue, alors que le taux de chômage est de 27% depuis 2015, selon les derniers statistiques disponibles; pour le comportement belliqueux de mon bras droit "Roro Nelson", pour le dos d'âne géant appelé quand même viaduc qui a coûté 18.000.000 USD à l'État. Je présenterais des excuses aux rapatriés de la République Dominicaine accueillis dans l'irrespect et abandonnés à leur sort. Je présenterais des excuses au peuple  pour l'éducation qui n'est pas ce qu'elle devait être, pour avoir cautionné  la mise en liberté  des criminels du calibre de Sonson Lafamilia, pour avoir arrêté un  député en fonction, pour l'oppression généralisée, pour la Constitution haïtienne violée et pour avoir vendu le pays libre que nos ancêtres nous ont légué. J'aurais enfin demandé pardon à la nation toute entière pour le Trésor Public pillé durant mon mandat. 


Et puisque je ne suis pas à ta place je ne fais qu'observer ce pays qui continue de sombrer dans la misère sans une prise de conscience de la part du principal concerné. Je dis merci quand même monsieur le président pour la continuité de l'État à certains niveaux. Ce qui permet à mon pays d'avoir des lycées, des édifices publics et des places publiques reconstruits. 

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