Le parlement haïtien dans ses pratiques quotidiennes-sans vouloir se fourvoyer dans des généralisations méchantes-, se révèle un obstacle à la démocratie. Il s'agit ici, j'en suis conscient, d'un paradoxe politico-juridique, dans la mesure où le projet démocratique devrait passer essentiellement par la séparation des pouvoirs de l'État, appelés, dans un cadre constitutionnel défini, à être indépendants et parallèlement solidaires des uns des autres.
En effet, ici, le parlement a longtemps cessé d'être un pouvoir indépendant pour devenir la basse-cour de l'exécutif. Président de La République, chefs de gouvernement, ministres, secrétaires d'États, dans leur praxis politique, ravalent l'institution parlementaire à volonté au caniveau de leurs caprices de pouvoir. Ils ont leur majorité. Leur minorité aussi, voire le contrôle du quorum parlementaire. C'est une institution acquise, vassalisée, réduite à sa plus simple expression.
Par contre, c'est un rapport de redevabilité qui existe entre ces 2 entités. « Vous (députés et sénateurs) me donnez votre vote de confiance et moi( exécutif) je place pour vous un cousin, un ami, un militant dans une boite de l'État ». Cette dynamique d'échange conduit le plus souvent à des enchères ou des chantages scandaleux. Ainsi, les fonctions de contrôle de l'exécutif et de légiférer du parlement tombent dans l'ignominie d'un mercantilisme avilissant.
Le parlement haïtien se révèle aussi un obstacle à la justice comme catégorie indépendante de pouvoir. Car, nombreux sont des gens ayant d'importants démêlés avec la justice qui viennent prendre refuge au bicentenaire en quête d'immunité. Une organisation de la place parlait de repères de bandits et de trafiquants de drogue. Dans un rapport, je m'en souviens, le RNDDH, a dénoncé le fait que des trafiquants de drogue et des repris de justice siègent au parlement ou le fait que des délinquants soient recrutés comme agent de sécurité des parlementaires. On comprendrait vite pourquoi il existe toute cette volonté d'être député ou sénateur en Haïti. Car, le parlement a, semble t-il, cette « vertu » de dissimuler ou d'éponger les forfaits des hommes. L'institution parlementaire bafoue en ce sens le processus démocratique au lieu d'aider à le renforcer.
Voilà ce à quoi ça rime, le parlement haïtien... A une vague institution qui, dans le contexte sus décrit, dévie le projet démocratique et républicain. Et si on parlait, au delà de toutes ces considérations, de ce carrefour de médiocres que représente l'institution parlementaire...C'est un autre débat... Mais l'évidence est que la nécessité de repenser le parlementarisme haïtien se fait sentir.
John Wesley DELVA
Le 10 janvier 2017
Vous avez fait un travail de titan. Vous avez dit a haute voix ce que d'autres ont peur de relater. Mon cher felicitation compatriote! Votre article m'a beaucoup plu.
RépondreSupprimer