Ici, l'honnêteté semble ne pas être une
vertu : l'argent, l'argent et encore l'argent. Ces unités papier se substituent
à cette bonne qualité. Peu importe la provenance de l'argent, il suffit d'en
avoir. D'ailleurs, c'est l'une des républiques où l'argent n'a vraiment
pas d'odeur. Certains mots sont rayés du vocabulaire de nos dirigeants et
politiciens. Par exemple, l'adjectif "sale". Si, placé derrière
le mot argent, il est considéré comme un crime dans les pays où,
apparemment il y a de la démocratie et la justice, en Haïti, ce n'est pas le
cas.
L'honnêteté est donc un crime ou
une malédiction pour ceux qui sont au pouvoir, notamment de Jean Bertrand
Aristide à Jovenel Moïse. Ce dernier a même clamé que l’argent est une vertu.
En 2004, l'on se souvient de
l’extradition vers les Etats-Unis du sénateur du parti Lavalas, Fourel Célestin
par la DEA, ancien président de l'Assemblée nationale, pour trafic de
stupéfiants. Qui l'aurait cru ? Une si prestigieuse fonction était souillée. Et
plus aujourd’hui encore le grand corps, Youri Latortue, est accusé de tous les
maux. Des suspicions qui restent à élucider.
Paille et pourpre
Si le Réseau National de Défense
des Droits Humains, RNDDH, n'arrêtait pas de dénoncer la corruption dans le
pays à tous les niveaux, il a tout à fait raison. Mais, le réseau devait être
au dessus de tout soupçon. Il oublierait que charité bien ordonnée commence par
soi-même. Le RNDDH s’était tu pendant la transition, dirigée par Jocelerme
Privert, alors que la corruption était au plus haut sommet de l’État. Aucun
responsable n’a pipé mot au sujet des pourcentages prélevés sur les fonds
destinés à la réhabilitation de l’Aéroport Toussaint Louverture, des 300
millions de gourdes des fonds des collectivités qui auraient été détournées par
un haut responsable de l'État, pendant le passage de l’ouragan Matthew. Le
maire de la commune de carrefour, Jude Edouard Pierre, avait crié scandale. Et
c’est dommage qu’il n’ait pas trouvé l’appui du RNDDH.
Récemment le journaliste Henry Guerrier de la Radio Signal FM, avait révélé que le Réseau National de Défense des Droits Humains recevait, périodiquement, 1.5 millions de gourdes du Bureau de Monétisation des Programmes d’aide au Développement, BMPAD. Le RNDDH n’a jamais réagi jusqu’à date. Tout porte à croire que son silence était monnayé. Autrement dit, il est difficile de parler avec un os dans la bouche. Toutefois, son combat pour la justice, même partisane dans certains cas, est à considérer.
Récemment le journaliste Henry Guerrier de la Radio Signal FM, avait révélé que le Réseau National de Défense des Droits Humains recevait, périodiquement, 1.5 millions de gourdes du Bureau de Monétisation des Programmes d’aide au Développement, BMPAD. Le RNDDH n’a jamais réagi jusqu’à date. Tout porte à croire que son silence était monnayé. Autrement dit, il est difficile de parler avec un os dans la bouche. Toutefois, son combat pour la justice, même partisane dans certains cas, est à considérer.
La dignité ne compte pas
La compétence n'est pas vraiment un
critère d'embauche en Haïti. Il faut certainement savoir mentir et faire
montre d’une bassesse excessive. Qui ne souvient pas de l’humiliation en public
de Rotchild François Junior par Michel Martelly ? Et malgré tout, le
ministre de la communication d’alors, était resté à son poste. Le président
Michel Martelly l’avait traité de menteur. C’était un critère d’embauche ou de
nomination. En témoigne l’arrivée de Wilson Laleau aux ministères du Commerce
et Finances. « 400.000 emplois sont créés », avait annoncé le ministre, sans
jamais le prouver. Que s’est-il passé après le mandat de Michel Martelly ?
Wilson Laleau est soupçonné dans le gaspillage de 430 millions de dollars des
fonds Petrocaribe par la commission éthique du Sénat de la République. En tant
que ministre des Finances, il avait fait preuve d’une largesse incomparable
envers l’équipe « Tèt Kale », qui l’avait lâché par la suite. L’ancien ministre
s’en plaignait avec certains de ses proches. Et malgré ce soupçon, cela
n’empêche qu’il soit nommé chef du cabinet du président Jovenel
Moïse. Cette décision aide à mieux comprendre le dicton français « qui se
ressemble s’assemble », puisque le président de la république lui-même est
inculpé dans le blanchiment d’argent.
Des profiteurs
On ne saurait ne pas parler des partis
politiques. Des leaders changent de position, comme une femme changerait de
linges. Pour des privilèges et des miettes, ils trahissent leurs camarades de
lutte. Le cas de Mathias Pierre en est la preuve évidente : de « Pitit Desalin
» pour rejoindre les rangs du PHTK afin, dit-il, de discuter des problèmes du
Pays. Un parti politique qu’il dénonçait. Pour lui, c’était une bande de
corrompus. Des corrompus blanchis, peut-être, depuis l’annonce de la victoire
de Jovenel Moïse par le CEP.
Il faut aussi parler du cas Riché Andris
qui a fait le grand saut de l’Organisation du Peuple en Lutte, OPL, au Parti
Haïtien Tèt Kale. Et que dire de l’animal politique qui comparait Martelly à un
éléphant dans un magasin de porcelaine, quelques mois avant la fin de son
mandat ? La liste n’est pas exhaustive.
La justice aux plus offrants - Société civile partisane
Qui ignore que le système judiciaire soit
pourri ? Même le paysan dans les coins les plus reculés du Pays le sait. Ce qui
justifie la pratique « Avoka Mòn ». Autrement dit, une partie de la population
se donne justice, parce qu’elle ne fait pas confiance à la justice. Dans le
système judiciaire, c’est la loi des plus offrants qui compte. Plus on a de
moyens financiers, plus on est au dessus de la loi. Certains juges décident en
fonction de leurs intérêts, et non en vertu de la loi. Lamarre Bélizaire
décroche la palme comme étant l’un des magistrats les plus instrumentalisés.
Toutefois, il existe des magistrats qui font honneur au système.
Pour ce qui est de la société civile,
c’est un petit groupe à la solde de leurs bailleurs de fonds, dont l’Union
Européenne. Il est rare qu’elle prenne position contre l’anarchie, la
corruption. Sa position par rapport aux élections de 2015 constitue un exemple
probant de sa soumission totale à leurs bailleurs. Ils étaient majoritaires les
secteurs du Pays à exiger l’annulation des joutes. Que faisait la société
civile ? Elle encourageait la poursuite du processus. Même position prise
par les « Tèt Kale ». La population avait eu gain de cause, fort heureusement.
Des vendeurs de micro, des pasteurs avares
Des confrères journalistes perdent leur
sens critique de temps en temps. Certains, qui étaient contre le régime rose
version Martelly, dénonçant la corruption systématisée, chantent aujourd’hui, à
l’instar du renard au corbeau, la bonté du régime rose, version Moïse.
Ils oublient déjà que le président est encore « inculpé dans le blanchiment
d’argent », pour répéter le commissaire Jean Danton Léger. En tout cas, ils
sont nombreux les confrères à ne pas vouloir mourir dans la pauvreté. Donc,
tous les moyens sont bons.
Ces derniers jours, il est difficile de
trouver un pasteur honnête. Le théâtre des « bergers », lors des élections de
2015, l’ont si bien illustré. Des hommes qui devaient paître le troupeau, se
bâtaient pour des avantages, des promesses d’argent pour financer la campagne
présidentielle, des choses qu’ils voient toujours comme périssables. Et que
dire des disciples Pierre, André au sanctuaire « Shalom » des milles gourdes,
qui ne font pas confiance à Muscadin, pendant la collecte de toutes sortes
d’offrande ?
Il est clair qu’aujourd’hui le Pays est
en panne d’hommes. Et comme le réclame l’artiste Roosevelt Saillant, dit BIC,
le Pays a besoin d’un homme qui saura préparer le chemin des générations
futures. Quel secteur aujourd’hui est au-dessus de la mêlée ? Que celui qui n’a
pas péché, lance la première pierre !
Commentaires
Enregistrer un commentaire