« On ne dit pas non à un
président », dit-on. C’est une phrase qui donnerait le plein pouvoir à un chef
d’Etat. C’est comme lui attribuer les pouvoirs d’un Roi, capable de faire vivre
ou mourir.
Il arrive que certains se servent de cette
phrase pour justifier leur choix de travailler pour un pouvoir, même lorsqu’ils
le dénigraient auparavant. Et si le président les invitait à un génocide,
quelle serait leur réponse ? Diraient-ils encore oui, si le président les
ordonnait de bruler le drapeau national ? Il faut donc croire que certaines
gens sont prêtes à tout. Ils sont alors des êtres vivants, dépourvus de toute volonté.
Ils sont donc comparables à des choses qui n’ont aucun pouvoir décisionnel.
Une presse corrompue et asservie
C’est un secteur malade, bourré de corrompus
qui se font passer pour des saints, des enseignants. Les plus affairistes sont
ceux-là qui font le plus de bruit possible. Ces confrères, des prostitués du
micro, font fi des principes d’éthique qui régissent la profession. Pour ceux
qui ne connaissent pas leur manière d’agir, ils sont des modèles. On les
appelle « senior ».
Être journaliste en Haïti est un sacerdoce. On
a la lourde responsabilité de former une population affamée, de l’informer et
de la divertir. On est investi également du pouvoir d’orienter l’opinion. Le
journaliste est considéré comme le dernier « rempart » dans une
société dite démocratique, quand des organisations de droits humains se sont vendues
pour des millions de gourdes, et le pire, au diable qu’elles dénonçaient comme
tel.
Les journalistes corrompus montent certaines
fois des firmes de communication. Elles leur servent de couverture pour
justifier les chèques zombi encaissés, sous base qu’ils seraient des
consultants. À ce moment, ces confrères ont la tache de nettoyer les saletés
des pouvoirs, de « kase fèy kouvri Sa ». L’on se souvient sous le feu René Préval, ils
étaient nombreux à se sentir embarrassés parce qu’ils étaient démasqués. Ils
avaient leur chèque au Palais National, sans qu’ils aient à fournir service en
contrepartie. Ils étaient payés pour fermer les yeux certains dossiers.
Autres pratiques : la dénonciation et la
flatterie. Avec leur micro, ces mercenaires se battent pour se sortir la tête
de l’eau. Certains tirent à boulet rouge sur le pouvoir en place. Une fois
approchés, ils changent de position. Ils ne sont plus les défenseurs du peuple,
mais ceux de ceux qui volent, gaspillent les fonds publics.
D’autres, quant à eux, vont doux en besogne. Ils
utilisent la gentillesse pour attirer l’attention des autorités. Ils vantent la
qualité des projets, ils justifient des décisions, quoiqu’en dehors des
prescrits légaux. L’essentiel c’est de « pa dòmi deyò ». D’ailleurs,
l’argent n’a pas d’odeur, croient-ils. De fait, ils sont partout au sein de
l’administration publique : Au palais National, à la Primature, dans les Ministères.
Les élections de 2010 et celles de 2016 ont mis à nu ce secteur auquel
j’appartiens. Des hommes et des femmes qui, hier, critiquaient les produits des
« Tèt Kale », les vendent aujourd’hui. Eux qui critiquaient la
dilapidation des fonds Petrocaribe, tentent vainement de les justifier. Oh
comme les miettes des pouvoirs qui se sont succédé en Haïti aident à démasquer
les « abolotcho » du micro !
Le chantage est aussi de la partie. Je suis
conscient qu’on est sous-payé dans le secteur. Cependant, on doit apprendre à
vivre honnêtement avec le peu dont on dispose. Certains journalistes utilisent
des dossiers pour faire pression. Ils appellent les autorités leur disant
qu’ils détiennent tel ou tel dossier les concernant, et qu’ils peuvent les
aider à s’en sortir. Cartes de recharge, bons de carburant, cartes cadeaux… des
gratifications du genre sont les bienvenues. Hélas ! Comment ces
journalistes peuvent-ils aider dans l’avancement de la démocratie, quand ils
sont si affamés et ne sont pas maîtres de leurs mots ? Comment penser un pays,
avec des vendeurs de micro qui induisent en erreur toute une population ?
Comment faire le bon choix, lors des élections, quand des confrères sont payés
par des candidats pour des interviews ?
La minorité honnête !
Certains journalistes restent honnêtes, en
dépit de leur situation de misère. Ils sont de cette catégorie qui résiste aux offres,
et refusent de servir de leur micro pour tirer avantage. Ils sont de ceux qui
croient qu’il faut agir en toute âme et conscience. Ils refusent de se
prostituer pour des millions, voir pour des miettes.
En Haïti, qu’ils soient séniors ou juniors, les
journalistes honnêtes se comptent sur les doigts. La presse Haïtienne, celle
qui est corrompue, est le cancer en phase terminale qui, après la Mafia, ronge
la démocratie en Haïti, qui détruit ce pays.
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