Crédit Photo: L'autre quotidien
Ses jours et ses nuits se confondent. Il vit
encore sur la même planète, mais une réalité bien différente. Il oublie
beaucoup de choses, car il y a tellement de changement. Les bons grains
murissent dans son jardin, mais les mauvais sont emportés par le vent de ne
plus pouvoir faire semblant. Il oublie les tohu-bohus du jour et la douceur de
la nuit. Ses jours semblent durer plus de 24 heures. Ses mots perdent leur
sens. Ses pensées s'embrouillent. Ses pieds ne l'emmènent plus où il veut
aller. Il s'exile dans un monde où seuls les vrais amoureux de la vie, la
vraie, peuvent habiter.
Il voyage entre les envies et le pouvoir. Il
perd le goût de beaucoup de choses. Il se demande s'il ne doit pas se
réapprendre certaines choses de la vie. Il n'arrête pas de regarder derrière
lui. Il voit encore tant de choses qu' veut ravoir. Il aime l'incertitude du
demain, mais le présent tarde encore à être ce qu'il doit être.
La vie le tente de temps en temps. C'est souvent
l'exploitation ou le mépris d'une confession sincère. Chaque petite pierre dans
la construction de cette vie est broyée, réduite en sable. À chaque pas, c'est
l'illusion d'avancer qui tente de rassurer. Il mange tous les jours des plats
de ses lointains souvenirs. Le passé, avec toutes ses farces, semblent plus
délicieux. Il le mange à l'excès. Il ne craint rien. Hélas! la réalité du présent
le rattrape de temps en temps.
Des ponts jetés sur la rivière de sa vie sont
emportés par les rafales de la réalité du temps. Ils étaient bâtis comme une
stratégie de compagne. Il a dû traverser à la nage. Des pécheurs ont lancé leur
filet pour lui venir en aide. Des abeilles le gratifient aussi certaines fois
de leur miel.
À une époque, il s'appuyait sur un poteau, mais
s'est arraché lui-même avec le temps. Les raisons ne manquent pas pour
justifier ce changement. Il y a aussi des accusations. Ce poteau le paraissait
solide, ferme. Et pourtant... Aujourd'hui, il a le temps comme spécialiste pour
l'accompagner dans ce tunnel, dont il ne voit pas le bout. Il lui a montré que
ce poteau ne s'appuyait que sur lui, et non le contraire.
Il admire de loin de grands et beaux tableaux.
Mais, il a peur de s'en approcher de certains pour ne pas être sali par les
peintures. Quant aux autres, il n'a pas assez de moyens pour s'en procurer un,
ou la route qui mène vers ces toiles est pavée de cailloux de désobéissance.
Il n'arrête pas de veiller, car l'obscurité le
fait peur. Il a peur de ne pas voir les bourreaux. Ces derniers aiment la nuit.
Il est midi à 2h du matin. C'est le chaos. Aujourd'hui, il ne rêve plus. Pas
même les yeux ouverts. Il voit, comprend, pardonne, excuse, fait des pas sur
place, pour mieux préparer les grandes enjambées.
PS: Ce texte est tiré d'une histoire vraie.
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