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Haïti, la nation qui fait mentir son histoire et ses devises..


Crédit image: Pinterest


Par Wilfrid Anténor...

Jean Jacques Dessalines, généralissime incroyable, génie militaire hors-pair, a pris sa naissance autour d’une histoire des plus glorieuses d’Haïti. Cette nation est le fruit de la plus haute expression du combat de l’homme sur terre : le combat pour la liberté et la fraternité. Ce combat, que les autres nations ont fragmenté au profit de leurs intérêts, n’a jamais été totalement compris jusqu'à ses ultimes résultats, à savoir la liberté générale pour tous les hommes de la terre, sans distinction de couleur, de race ou de rang. Des nations se sont battues pour leur liberté, et ont oppressé d’autres, pour des raisons économiques et le désir de les contrôler, et à cause d’un manque de fraternité au niveau planétaire. L’enfer de la colonie de Saint Domingue lié à un esclavage féroce a obligé les noirs et quelques autres aspirants à la liberté à s’unir dans une fraternité sans pareil, pour affronter les colombs et rétablir la dignité de l’Homme qui fut plongé dans la honte de l’esclavage de l’homme par l’homme pendant des siècles.

L’esclavage ne fut pas seulement une entreprise du blanc  contre le nègre, ce fut aussi un mal de l’homme contre son frère. Avec la fraternité, ça a donné naissance à l’union des esclaves, des affranchis et mêmes des étrangers qui ont connu le joug impérialiste français en Europe, et qui étaient venus se battre en Haïti pour défendre leurs les intérêts en face des oppresseurs; des polonais et autres nationalités qui ont pactisé avec la cause des esclaves, l’ont fait aussi au nom de l’humanité, en quête de liberté et d’émancipation. C’est par l’Unité que nous avons gagné ensemble, en dépit de la diversité.

Le 14 Aout 1791, les esclaves en générale ont compris qu’il fallait s’unir avec les marrons des mornes. Ces derniers ont toujours saccagé les espaces des soldats blancs. Cependant, ils savaient aussi qu’ils devaient être prudents, sachant que même au sein des esclaves il y a avait des traitres.

Le 14 Août 1791, avec cette prise de conscience, les esclaves ont trouvé le maillon manquant. Ils ont compris que l’unité dans l’action est l’arme la plus puissante pour gagner. Les esclaves des mornes peuvent toujours gagner par la guérilla, mais ils seront vulnérables en sortant des bois. Une forme de combat qu’ils ont menée depuis des décennies qui ne pouvait pas avancer vers la victoire finale. Ce 14 Août 1791, ils se sont dit qu’ils étaient plus des tribus qu’un nation, et qu’il fallait changer tout ça  en une nation, une nation libre dans la diversité et au nom de la liberté. Tout cela a conduit à ce jour inoubliable du 1er Janvier 1804.

Qu’avons-nous fait de cet héritage ? Pendant plus de deux siècles, nous avons rejeté cette formule gagnante au nom de nos petits intérêts de groupes, qui n’arrêtent pas de se battre entre eux, tout en affaiblissant la nation face aux Pays étrangers. Rien n’est  plus sacré à nos yeux. Nous avons perdu le repaire des actes fondateurs de ce Pays. Nous sommes devenus une nation sans histoire, sans âme et sans avenir au nom de nos petitesses d’esprit et de notre ignorance. Appeler des haïtiens à se battre entre eux et à semer les semences de la division habituelle un 14 Août est un sacrilège, un blasphème qui expose notre indignité de cet héritage.

Même en temps de guerre civile, c’est un jour où tous les haïtiens devraient faire taire toutes les armes et implorer l’esprit des ancêtres à nous infuser le sens de l’unité et  de la fraternité au nom de cet acte fondateur. Si nous continuons à poser les mêmes actes sans nous questionner, sans demander à l’histoire de nous guider, comment pouvons espérer de changer de direction pour l’avenir de ce Pays? Révérer son histoire et l’esprit de cette histoire est acte de pénitence et de rédemption. Lè w pa ka antann ou ak frè w ak sè w aprè lanmò paran w, w a pase mizè sou ja ak gwo richès ou pap janm ka dekouvri, toutotan lapè ak rekonsilyasyon pa fèt. Kreyòl pale, kreyòl konprann !

Wilfrid Anténor


Commentaires

  1. Ce bien monsieur wilfrid.
    C'est la vérité.nous sommes un nation sans-cœur.
    L un contre l autres

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  2. Beau texte
    l'Union fait la force.

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