Accéder au contenu principal

Mendier est un bon choix ?

Crédit photo: Photographe inconnu
On a toujours le choix. Qu’il soit suicidaire ou non, c’est un choix quand même.  Chaque action compte et a des conséquences sur l’avenir. Autrement dit, nous sommes tous l’artisan de notre demain. Ce qui justifie bien ce dicton français : « On récoltera ce qu’on aura semé ». Toutefois, certaines conditions, indépendamment de notre volonté, peuvent changer le cours des choses. Et cela, même si on avait semé le bon grain dans la bonne terre.

Pour certains mendiants, travailler est trop dur, écartant toute possibilité de voler, sous peine d’être emprisonnés ou tués. N’ayant aucune profession, l’alternative reste la mendicité.
Une profession ?
Ils pensent à l’instar des économistes. Chaque sou compte.  Et chaque journée apporte son lot. Pour eux, l’argent n’a pas d’odeur. Injures, mépris, ils s’en fichent pas mal.  Avec l’aumône, ils prennent soin de leur famille, payent leur loyer. En clair, ces mendiants ont un toit où se reposer après une journée de « travail ». Ces mendiants de profession n’éprouvent, on dirait, aucune gêne. D’ailleurs, le « travail » c’est la liberté.  « Travail » ou facilité ?

Certains emploient toutes sortes d’astuces pour sensibiliser les gens sur leur passage. Etant manchots, estropiés, ou ayant une paralysie quelconque, ces mendiants utilisent leur handicap pour obtenir la pitié, la bonne grâce des bons samaritains.

Handicap ne justifie pas la mendicité
Les estimations font état de 800 mille handicapés en Haïti. La situation s’est aggravée avec le tremblement de terre du 12 Janvier 2010 : Plus de quatre mille amputés de plus. Certains handicapés font preuve d’une résilience incomparable. Ils se sont vite adaptés à la nouvelle réalité  du pays qui, six ans après, est encore dépourvu de structures facilitant leur mobilité. D’autres ne se préoccupent guère des saisons de l’année. Ils se battent contre le vent, la pluie et le soleil à travers les rues pour survivre dans la dignité. Il arrive qu’ils bravent même les turbulences de la Capitale, Port-au-Prince, pour gérer le quotidien.

Dans la commune de Pétion-Ville, par exemple, un estropié, visiblement, prouve qu’il refuse la vie facile. Avec un plateau en bois, rempli de marchandises, suspendu à son cou à l’aide d’une corde, cet homme à mobilité réduite boite avec des béquilles. Il est donc un marchand ambulant, en dépit de ses limites.

Il n’est pas le seul exemple de courage et de fierté à considérer. Sur la route de l’aéroport, près de l’intersection « trois mains », l’esprit débrouillard d’un manchot captive. Avec un morceau de toile, il gagne sa vie, en essuyant les pare-brise de véhicules. En clair, ils n’ont pas besoin de bienfaiteurs.

Vivre en Haïti, en dépit de la misère atroce, demande un esprit créatif. Les moyens financiers pourraient faire défaut, mais il y a toujours une façon de s’en sortir. Mendier, pendant un certain temps, pour passer à autre chose, est une stratégie qui prouve la volonté de sortir de l’état de dépendance, afin d’être autonomes. Mais, faire de la mendicité une profession toute sa vie est une option que les parasites choisissent.


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Fanel Delva : de chauffeur de Tap Tap à journaliste !

Ma mère, après la mort de mon père, pouvait à peine nous donner à manger, mon frère ainé et moi. Faute de moyens financiers, elle nous avait envoyé au Cap-Haitien, chez nos oncles et tantes. J’ai connu des difficultés énormes. À une époque, je pouvais aller à l’école sans pouvoir me rendre à l’église : Les chaussures appartenaient à un de mes cousins, qui s’en servait, lui, pour aller à l’église. Je me suis battu pour vivre avec l’aide inconditionnelle de mes oncles et tantes, qui devaient, eux aussi, s’assurer de l’éducation de leurs enfants. Un de mes oncles avait une camionnette. J’en étais le chauffeur certaines fois, question de donner ma participation. Presque tous les dimanches, je faisais le trajet Cap-Haitien/Limbé. Arrivé en terminale, je n’ai pas pu passer plus de trois mois en salle de classe. On m’avait chassé de l’école parce que je ne pouvais pas payer les frais scolaires. Et comme je devais subir les examens d’état, je continuais à étudier chez moi. J’a...

Le bourreau de sa femme devient protecteur du citoyen !

Crédit Photo:Google On ne donne que ce qu’on a. Et c’est prouvé. L’Administration Publique est dirigée par des corrompus avérés. S’il y a une chose que l’inculpé a su prouver depuis qu’il est au Palais National, c’est son attachement viscéral aux personnalités au passé douteux, qui ont des démêlés avec la justice. De Wilson Laleau, impliqué dans la dilapidation des fonds du Pétro Caribe, chef de son cabinet, passant par Yolette Mingual, ancienne conseillère électorale poursuivie par la Justice pour corruption, mais nommée directrice du Ministère des Haïtiens Vivant à l’Etranger, Jovenel Moïse n’a rien à reprocher. Et pour allonger la liste, il nomme Renand Hédouville Protecteur du Citoyen. Le successeur de Florence Elie n’est pas au-dessus de tout soupçon. Renand Hédouville est connu comme un batteur de femme. Des organisations de droits des femmes, dont la SOFA, avaient dénoncé le protecteur à peine nommé. Elles ont rapporté que la femme de Renand Hédouville avait porté...

Vivre en Haïti, c’est frôler la mort au quotidien

Crédit Photo: Photographe inconnu   Rien n’est sûr dans ce pays. Pas même la montée du drapeau. Vivre dans ce coin de terre, est le choix du vrai combattant. Ce dernier doit se battre contre l’insécurité, le non-accès aux soins de santé, le chômage, des propositions indécentes, le manque d’infrastructures routières. Ici, toutes les conditions sont réunies pour mourir toutes les soixante secondes. Nos routes et véhicules Piétons et automobilistes partagent le même espace. Le trottoir, étant occupé par des détaillants, prendre la chaussée reste l’unique alternative. Ce qui revient à dire que des vies humaines sont exposées, au manque de vigilance de certains conducteurs. Que dire de l’état de certains véhicules ? Ils sont des carcasses roulantes. Ces « véhicules » circulent librement sous les yeux des agents de la Direction Centrale de la Police Routière, DCPR, sans feux avant, encore moins d’avertisseurs sonores. Et que dire des installations électriques vi...