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John Wesley Delva écrit à Clamé Ocname Daméus




Lettre ouverte au Commissaire du Gouvernement de Port-au-Prince

Me Ocname Clammé Daméus

J’ai appris non sans grande surprise la mise à pied de Mirlande Dupiche Prévôt qui occupait la fonction de substitut Commissaire du Gouvernement depuis plusieurs années au parquet de Port- au-Prince. Vu qu’il n’y a aucun texte légal qui protège la fonction du commissaire du gouvernement, vu qu’il s’agit d’une fonction sans mandat, un commissaire peut être éjecté à n’importe quel moment. À ce niveau, je peux comprendre qu’un commissaire, puisqu’il est l’agent du pouvoir politique dans le judiciaire, (ce qui demeure un accroc démocratique), peut faire l’objet de révocation s’il ne correspond pas au profil du dit pouvoir, surtout si c’est un commissaire rectiligne qui ne veut pas se soumettre aux vils caprices du politique.

Monsieur le Commissaire du Gouvernement,
Mais laissez-moi vous dire monsieur le Commissaire que bien au-delà de la politique et de l’élément légal, il y’a aussi l’élément moral qu’il faut prendre en considération. Dans le champ de la justice, ce paramètre devrait être l’ossature même de toute action. Car, monsieur le Commissaire, vous êtes non seulement appelé a rendre justice par les lois, mais vous avez aussi l’impérieux devoir de défendre la société par sa morale. D’ailleurs suivant les dispositions de la loi du 22 août 1995, relatives à l’organisation judiciaire, vous êtes en effet le garant de l’application de la loi et en droit de veiller au respect des intérêts de la société. De ce point de vue, si un commissaire possède l’aptitude et la moralité pour faire son travail, même s’il ne serait pas d’un groupe politique quelconque, il devrait être mesure de continuer à œuvrer au service de son pays. Ce qui n’est pas le cas avec la révocation spontanée de Madame Prévôt.

Monsieur le Commissaire, le licenciement de Madame Dupiche Prévôt est la décision la plus stupide, la plus hideuse, la plus honteuse que vous puissiez prendre. (Je m’adresse à vous directement, car c’est suite à votre vilaine recommandation qu’est survenue la décision du ministre de l’injustice, Heidi Fortune). N’étant motivée par aucun argument solide, cette action ressemble beaucoup plus à une attitude revancharde vis-à-vis de la dame qui refuse d’accomplir les sales besognes à vous confiées par votre clique politique. Vous avez-vous-même déclaré haut et fort dans les couloirs du parquet, rapportent plus d’un, que Mirlande Dupiche est un élément gênant pour vous, il faut à tout prix l’effacer du parquet que vous prenez comme votre propriété privée.
Depuis votre retour à la tête du parquet, au lieu de vous pencher sur des problèmes majeurs qui rongent votre juridiction, tels la détention préventive prolongée, la spoliation de terrains, la criminalité grandissante etc., vous vous mettez à importuner la dame. Vous lui avez même demandé de remettre la clef du véhicule qui était en sa possession au moment même où elle était en fonction. Vous lui avez refusé son congé maladie alors qu’elle devait se reposer pendant un certain temps suivant les indications de son médecin. Vous avez tout manigancé pour pousser le dos de cette mère de famille qui, malgré la lourdeur et le sadisme d’un système machiste, s’est imposée loyalement dans un milieu assez difficile et pervers en Haïti. Et pour trouver une bonne raison pour qu’elle parte, vous avez monté un dossier de toutes pièces contre elle, comme quoi elle aurait péché dans le traitement de plusieurs affaires. Quelle méchanceté de votre part ! Tellement enfoncé dans une pathologie de la politique, que vous êtes devenus insensibles.

Monsieur le Commissaire, pour avoir travaillé pendant plusieurs années au parquet de Port-au -Prince, laissez moi attirer brièvement votre attention sur le parcours de Mirlande Dupiche Prévôt. Madame Prévôt, toute jeune, était déjà dans la magistrature. Après son stage comme avocate stagiaire, elle travaillait comme Substitut Commissaire du Gouvernement de L’Anse-à -Veau avant d’être transférée au parquet de Miragôane au même poste. Sa détermination inouïe, sa bravoure abracadabrante, son indéniable compétence allaient lui permettre de poursuivre sa course dans la magistrature debout à Port-au-Prince. Mais le plus important dans tout cela, c’est qu’elle a toujours fait preuve d’équilibre, d’objectivité, d’honnêteté et d’intégrité pendant son grand parcours. Elle est, l’un des fleurons à odeur de sainteté, qui projette, ne serait-ce qu’à horizon lointain, l’espoir de cette justice par vous vassalisée, vilipendée, « croupionnée », « cocoratisée », « Martelytisée » et « marchandisée » etc. Étant donné que vous, Ocname Clamé Daméus et votre groupe, au pied duquel vous rampez, êtes contre ces vertus cardinales auxquelles Mirlande s’accrochait, vous l’avez mis dehors du parquet de la manière la plus arbitraire. Quelle ignominie ! Quel exemple reste encore à suivre dans ce pays, ou ceux qui sont appelés à rendre justice sont les plus scélérats et les plus corrompus ? Si la justice élève une nation, l’injustice la déshonore et la corruption la détruit. Alors, on peut déduire que notre société patine dans la bassesse, patauge dans la boue du déshonneur et donc, encline à la destruction.
Je ne sais plus comment vous appeler, si ce n’est valet du gouvernement, tant que votre attitude est empreinte de bassesse et de soumission obséquieuse. Votre attitude envers Madame Dupiche est déplorable. Et pour avoir servi la république pendant toutes ces années, elle ne mérite pas un tel traitement. Par votre agissement de plouc, vous vomissez votre venin sur l’élégance d’une femme qui s’est vouée entièrement à la cause de la justice de son pays. Honte à vous !, honte à la justice de mon pays.
Monsieur le commissaire, le but de ma lettre est loin de vouloir vous demander la réintégration de Madame Prévôt. Loin de là. Je crois que Madame est une professionnelle qui peut créer d’autres moyens de survie. Mais il est pour moi crucial de vous mettre en face de vous-même. Il est important pour moi de vous rappeler, je parle en connaissance de cause, que vous êtes l’un des piètres commissaires que le parquet ait connu. Vous n’avez ni la rhétorique requise, ni l’outillage intellectuel nécessaire à l’accomplissement de votre fonction. Passons. Comme on est Haïti, tout voum se do, vous avez trouvé votre chance… D’ailleurs, c’est ce profil d’hommes, parce que manipulables que les gouvernements haïtiens ont toujours besoins à ce poste.
Mais le pire dans tout cela c’est la moralité qui vous échappe. Monsieur le commissaire, où avez-vous trouvé l’argent avez lequel vous avez construit votre château, alors que le salaire net d’un commissaire ne dépasse pas 1100 dollars américains ? N’est-ce pas vous en complicité avec Lamarre Bélizaire, sous les ordres scélérats de l’ancien ministre de l’injustice et de la drogue, Jean Renel Sanon qui avez libéré avec la plus grande désinvolture Sonson Lafamilia, deux trafiquants de drogue, deux gangs notoires qui semaient le deuil dans le pays ? Où sont passés les corps de délit pour lesquels vous avez été accusé ? Je n’ai guère l’intention de vous faire un procès, ni entrer dans d’autres détails mafieux qui vous concernent, mais je voulais juste attirer l’opinion publique sur une idée certaine : au tribunal des voleurs, des vagabonds, les honnêtes gens ne peuvent ressembler qu’à ceux qui les jugent.
Monsieur le commissaire, C’est la raison pour laquelle, je suis pour l’idée qu’il y’ait une révolution dans ce pays pour chambarder ce statut quo et éliminer au sens le plus radical tous ces énergumènes de la bourgeoisie compradore, de ces élites merdiques, de cette presse mercantile qui le pérennisent, pour parvenir à un ordre socialement juste, économiquement égalitaire et politiquement stable. Bien à vous monsieur le Commissaire. John Wesley DELVA, Citoyen haïtien

Fait à Montréal le 15 décembre 2017

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