En entendant ma
voisine s’exclamer : « M-pa sipôte chyen saa ankô isi-a!, je me
suis demandé si je rêvais zyeux clair ! Tout d’abord, elle ne parle pas
généralement fort, ensuite à part le coq de son mari qui chante à toute heure
dans leur cour, je n’ai jamais entendu d’autre son d’animaux. Je précise que je
parle de ma voisine qui brûle tous ses fatras dans sa cour, pas de celle qui
parle fort à toute heure non.
Aurait-elle un
chien bèbè? J’ai l’oreille fine, je suis
certaine que ce ne sont pas les aboiements intempestifs des autres chiens
voisins qui m’auraient empêché, jusqu’à ce jour, d’entendre ceux de ce
malheureux qu’elle ne supporte plus... Comme dit l’Ecclésiaste : «Ecoutons
la fin du discours.» Je reste donc tranquille pour entendre si elle va mettre
ledit chien dehors à coup de pieds.
Notez bien que je ne suis pas du tout fouyapòt. Hmm Hmm! C’est juste
pour savoir, étant donné qu’il n’y a pas de Société Protectrice des Animaux par
bord ici (j’y aurais bien expédié certaines personnes que je connais…) si je
devrais, par charité canine, recueillir le malheureux animal.
Oh oh! Sezisman! C’est
en prêtant l’oreille avec un petit peu plus d’attention, que je me suis rendue
compte que le ‘chyen’ en question n’était pas du tout un animal, mais le monsieur de la madame. Mezanmi wooooo… Où sont donc passés les affectueux petits
noms que je savais entendre et qui
auraient pu me donner keu grenn si j’étais portée sur les affaires de cœur ? C’était chéri-amour par ci, Boo par là,
Pepito, Choupitou, Trésor, Ma Rose, Bébi….
J’avais étudié à
l’école, (bagay lontaaaaan) qu’il existe
trois règnes de la nature : minéral, végétal et animal. Eh bien, en
entendant les couples ‘nan kont’ s’arroser mutuellement de tous les noms, j’ai
souri en voyant combien l’environnement était clément envers les humains. Ce
n’était pas la peine d’aller chercher une grammaire ou un dictionnaire pour
trouver les mots à dire sans être vulgaire ou brutal. Facile de réunir les trois règnes dans un
quatrième : le règne marital!
Quand rien ne va
plus dans le couple, si on a le malheur de discuter l’opinion de l’autre,
subitement on a la figure dure comme de l’acier. L’homme qui est le pourvoyeur
s’appelle towo gwonde, matador superbe. Il deviendra « vye chen an »
quand ça chauffe. S’il y a des problèmes
de puissance, l’homme devient (avec de grandes lames de tchyuipé) on vye planch
pouri, pwa bouyi!
C’est ça oui, dans
les affaires de cœur, les appellations changent au gré des sautes d’humeur ou
des querelles. Petite chatte devient
manman pèlen, Petit chou devient Pil fatra-a, Ti cœur n’est plus que Lòbèy laaaa,
Ma rose devient Makak la, Ti amour devient Grimas la, Beauté se retrouve Madigra
mal maske, etc… ! Si on demande à un élève de classer les appellations
dans les genres correspondants, le pèlen ou la figure dure ira dans le règne
minéral, le fatra, la planche pourrie, le lobèy-la dans le règne végétal… Makak-la,
mal chien-an, towo gwonde : règne animal.
Grimas ou madigra mal maske pourrait aller dans végétal ou minéral, dépendant de la matière avec laquelle on
confectionne le masque…
Rien ne se perd,
rien ne se crée. La nature nous offrant tout (même les jouman…), de vous à moi,
n’est-ce pas un bon prétexte pour encourager notre entourage à protéger
l’environnement?
Sister M*
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