Pour mes 32 ans, il ne me
resterait pas grand-chose à vivre en Haïti ou ailleurs. J’ai déjà vu des
défenseurs de Droits Humains, des journalistes, de simples citoyens… tombés sous
des balles assassines. J’ai déjà vu des présidents qui tentaient d’instaurer à
nouveau la dictature dans Mon Pays, Haïti. Un espace, jadis, agréable à vivre,
pour lequel le sang de militants, de journalistes a coulé à flots.
J’ai assisté impuissamment aux
ravages provoqués par le Cyclone Jeanne le 18 Septembre 2004 aux Gonaïves. Cette
catastrophe m’a permis de voir émerger de nouveaux nantis parmi ceux qui
dirigeraient. Et que dire après le passage des ouragans Ike et Anna ?
J’étais encore à l’école quand
des « chimè » imposaient leurs lois partout dans le pays, quand ils
ont tabassé étudiants et cassé la jambe du recteur de l’Université d’État
d’Haïti, Jean Marie Paquiot, à la Faculté des Sciences Humaines. J’ai assisté
et j’assiste encore à la lutte des étudiants et professeurs pour une nouvelle
Université. Et je vois que rien n’a changé. On dirait ceux qui dirigent sont
frappés de surdité.
J’ai entendu parler de
l’assassinat des trois fils de Viola Robert. J’ai également entendu parler du
procès du journaliste haïtien Jean Léopold Dominique. 16 ans plus tard, la justice traîne
encore les pieds. J’ai entendu que certains juges rendent justice aux plus
offrants, qu'un certain « La marre » a dû absoudre de grands criminels,
à l’instar de Jésus à la femme adultère : « Va, et ne pèche
plus ».
J’ai assisté à l’élection
truquée d’un chanteur de compas. Ti Simone, alors qu’il était candidat avait
promis monts et merveilles. Et pendant cinq ans, des citoyens ont été
dépossédés de leur parcelle de terre, le gaspillage, la corruption et
l’impunité qui régnaient. J’ai vu ce président humilier des intellectuels,
injurier des journalistes et des femmes. Je l’ai vu également humilier, à deux
reprises, son ministre de communication, Rotchild François Junior. J’ai vu des politiciens qui
critiquaient Michel Martelly qui, par la suite, l’encensaient d’une façon ou
d’une autre. Certains sont passés dans l’opposition après avoir perdu leur
portefeuille ministériel.
Politiciens et hommes d’État,
j’ai vu et entendu vos horreurs. J’ai compris que le pays n’était
« jamais » prioritaire. Mais, avez-vous pensé à votre sort, si les
générations qui vous ont précédé faisaient autant ? Penseriez-vous que
vous rouleriez sur l’Or, s’ils avaient
tout gaspillé ?
De grâce, il y a des générations
encore qui vivront après moi. Et cela, dans un contexte beaucoup plus difficile
que le mien, aujourd’hui. Je me suis battu honnêtement pour être ce que je
suis. J’ai repoussé des propositions indécentes. Mais, combien le fera ?
Combien de jeunes qui se prostituent pour un plat chaud tous les jours ?
Je n’ai ni arme à feu, ni bandes armées pour vous forcer à préparer le
lendemain de mes prochains concitoyens, mais j’écris pour tenter d’éveiller ce
qui vous reste de conscience, votre juge. Alors, qu’elle vous juge !
L’histoire retiendra si oui ou non vous avez travaillé au bien-être de ceux qui
vous ont mandatés et à celui de la postérité.
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