Non ! Je ne me pose pas en censeur qui vous met des interdictions
par ci, par là, qui vous dit quoi faire, quand et comment ; ni comme
moraliste ou madame je-sais-tout. Je viens vous proposer tout simplement, au moins
pour une journée, une action que la vie trépidante, les soucis quotidiens et
particulièrement les réseaux sociaux nous amènent à poser de moins en moins : la réflexion…
Eh oui ! Me voici donc à la défense du bon sens. Je parle de
défense, sans être avocat... Justement, en parlant d’avocat, laissons la
basoche tranquille et allons faire un tour coté jardin ou panier de préférence.
Avez-vous remarqué avec quelle frénésie les gens plongent sur tout ce qui se
dit sur internet, et sans en vérifier l’authenticité, le bien-fondé ou sans
chercher plus loin qu’une expérience personnelle (parfois fausse), ils mettent
en application ?
Le pire, c’est quand justement eux-mêmes ne mettent pas en application,
et sans expérimentation, sans preuve des effets bénéfiques ou secondaires, ils
se mettent à faire suivre, à transmettre à tous les contacts de leur boite
d’adresses. Pour revenir à l’avocat, la dernière lubie en date est la
consommation du noyau d’avocat. Ah les vidéos se suivent et se
ressemblent ! Si w bezwen on grenn zaboka pou w fè sèvi zorye anba latya,
enben se aswè a ou pap domi ! Recettes, utilisations, bienfaits, richesses
du noyau d’avocat, 100 fois plus riche en ci ou en ça que le fruit lui-même
(oui, comme la tomate, l’avocat n’est pas un légume).
Auparavant, la lubie c’était de boire du pipi à jeun, ensuite on a eu le
fameux concombre zombi qui a fait tous les dégâts qu’on connait. Il y a des recettes qui ont traversé le
temps, qui ont fait leurs preuves, mais encore et toujours : l’information
et la modération.
Tous les Ayisyen, vivants, sont des êtres humains ; mais dès qu’ils
meurent, subitement ils deviennent soit des gratinés, soit de la viande
grillée, soit du riz collé a pois rouge vèt, soit un bon morceau de yanm ou
patate ti Savien : wi, tous les concitoyens sont comestibles. C’est ça oui : on consomme un tas de
choses soi-disant naturel, et puis quand on meurt subitement ou suite à un
méchant vant cordé, on accuse un collègue envieux, une matlòt jalouse, un
voisin malveillant ! On est mangé ! Bon, rien de nouveau :
personne ne meurt naturellement en Ayiti !
Si on a la chance de n’être pas encore morts, en cas de traitement qui
ne marche pas, nous accusons les médecins d’être des crétins, de nous prescrire
des médicaments qui ne font rien pour nous. Mais combien d’entre nous prennent
la peine de faire des recherches plus poussées – sur ces mêmes réseaux sociaux
- sur une information qui nous est communiquée à propos d’un truc ‘soi-disant’
bon pour la santé ? Combien cherchent
à connaitre et comprendre les interactions de ces dits produits avec d’autres ? Même le citron qui est un trésor en matière
de santé peut avoir des effets néfastes en cas de mauvaise utilisation, même la
consommation d’eau peut avoir des effets secondaires.
D’ailleurs dans tous les pamphlets qui accompagnent les médicaments, il
est recommandé d’informer son médecin traitant de tout autre médicament qu’on
prend avant de commencer à en utiliser un autre.
Oserais-je prétendre que l’internet ou les réseaux sociaux ne sont pas
bons ? Nooooon ! Trop utiles pour être décriés. MAIS… je vous invite
tout simplement à faire usage de bon sens dans l’application des conseils qui
sont pompés toutes les minutes sur votre boite. Faites des recherches plus
poussées. Il y a toujours un ‘pour’ et
un ‘contre’. Certaines recettes sont
super efficaces mais ne conviennent pas forcément à tous les systèmes. Certains
mélanges doivent être faits dans un ordre bien particulier, sinon gare aux
problèmes d’estomac. Certaines parties de certains fruits ou légumes dont on
vante les mérites peuvent être toxiques.
Alors la prochaine fois que vous recevez une video-recette, avant de
plonger au marché, au supermarket ou sur votre blender, faites des recherches
en commençant par la question « pourquoi ne pas utiliser x ou y
produit ? »
De vous à moi, vous serez surpris de voir à quoi vous pouvez vous
exposer en plongeant tête baissée sur tout ce qui se dit ou s’écrit sur
internet, et comment vous pouvez vous protéger en plongeant avec bon sens dans
la gestion de l’information.
Sister M*
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