Accéder au contenu principal

DE VOUS A MOI… Reconnaissance et besoin


J’ai rencontré récemment un compatriote qui m’a raconté, presque les larmes aux yeux, une petite histoire sur laquelle il m’a demandé de commenter.

En vérité, j’aurais préféré croire que son expérience soit une exception, mais malheureusement ce n’est pas le cas, et je sais que beaucoup de mes connaissances se sentiront concernées par le sujet. Mais vous savez que l’on ne saurait faire d’omelettes sans casser des œufs. Cassons donc nos œufs, et bon appétit !

Histoire banale : une jeune fille ou un jeune homme en situation financière difficile, voire précaire.  Par bord ici, les cas de support sont plus fréquents pour les jeunes filles.  A l’étranger, c’est monnaie courante que des couples s’entendent pour que la femme travaille et permette à l’homme d’entamer ou de poursuivre des études, et il est normal qu’il y ait des attentes de la part du supporteur.

Quelle fierté pour des parents de voir leur enfant boucler un cycle d’études qui leur a valu des efforts, des sacrifices ! Ou pour un supporteur de voir le/la bénéficiaire de ses faveurs décrocher un diplôme ou défiler dans une procession de graduation. Mais voilà que souvent, au bout de toutes ces peines, il y a aussi des déceptions, des désillusions.

Je peux comprendre que dans un couple [supporteur/supporté(e)] la flamme des sentiments puisse s’atténuer quand il n’y a plus d’intérêt. Peut-être même qu’il n’y avait jamais eu de sentiments vraiment, mais quand même mezanmi ! La misère n’est pas douce ! Si quelqu’un vous tend la main quand vous êtes dans le besoin, quand le crabe commence à devenir gras, ce n’est pas sage de tchuiper les vieux os du légume ou du bouillon…

L’histoire de ce monsieur, pauvre victime de l’ingratitude, n’est pas unique. Je n’ose même pas dire à voix basse que je connais d’autres cas (je ne voudrais pas recevoir trop de messages de personnes qui sont sur ma liste de contacts et prendraient peur que je ne mette leurs affaires dehors…). Donc mezanmi : Quand quelqu’un qui n’est ni votre papa ni votre maman investit pour vous, pour vous permettre d’une façon ou une autre de sortir de votre situation difficile… Quand quelqu’un se soucie de votre bien-être et vous permet d’avoir accès à de meilleures conditions de vie… Quand quelqu’un enlève de vos pieds des sandales ou des chaussures dont les talons ont depuis longtemps perdu leur embout et servent de signal pour annoncer votre passage, et que cette personne vous chausse décemment, élégamment, empêchant vos orteils de souffrir de refroidissement…

Quand quelqu’un retire votre dos sur votre atèmiyô et vous fait apprécier la signification du mot ‘prélasser’ grâce à un bon lit et un bon matelas…
Mais surtout, oui surtout, quand quelqu’un enlève l’inquiétude de votre esprit quant à votre lendemain, parce qu’il vous offre la possibilité d’étudier, de vous former, pour vous assurer un avenir plus lumineux…

En vérité, vous avez envers cette personne une dette de reconnaissance ! Même si c’est un mennaj et la relation ne peut plus continuer, il y a une façon de faire les choses. Ne fermez pas une porte en la brisant ! Même quand cette personne aurait commis une faute grave contre vous, qui vous oblige à mettre fin à la relation, ramassez votre paquet tranquillement et jetez-vous, sans avoir besoin d’entrer dans la maman de votre bienfaiteur, sans avoir besoin de fourrer votre pied dix-sept longueurs dans son intérieur.

Rappelez-vous le bien qu’il vous a fait. Rappelez-vous que vous lui devez en partie ce que vous êtes,  ou ce que vous avez aujourd’hui. Vous étiez dans le besoin, il ou elle vous a secouru.

De vous à moi, n’oubliez pas que le mot besoin a différents sens !  La vie étant une boule qui tourne, attention à ce que votre ingratitude ne vous laisse, au prochain besoin, en plein besoin !


Sister M* (@SisterMhaiti)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Fanel Delva : de chauffeur de Tap Tap à journaliste !

Ma mère, après la mort de mon père, pouvait à peine nous donner à manger, mon frère ainé et moi. Faute de moyens financiers, elle nous avait envoyé au Cap-Haitien, chez nos oncles et tantes. J’ai connu des difficultés énormes. À une époque, je pouvais aller à l’école sans pouvoir me rendre à l’église : Les chaussures appartenaient à un de mes cousins, qui s’en servait, lui, pour aller à l’église. Je me suis battu pour vivre avec l’aide inconditionnelle de mes oncles et tantes, qui devaient, eux aussi, s’assurer de l’éducation de leurs enfants. Un de mes oncles avait une camionnette. J’en étais le chauffeur certaines fois, question de donner ma participation. Presque tous les dimanches, je faisais le trajet Cap-Haitien/Limbé. Arrivé en terminale, je n’ai pas pu passer plus de trois mois en salle de classe. On m’avait chassé de l’école parce que je ne pouvais pas payer les frais scolaires. Et comme je devais subir les examens d’état, je continuais à étudier chez moi. J’a...

Le bourreau de sa femme devient protecteur du citoyen !

Crédit Photo:Google On ne donne que ce qu’on a. Et c’est prouvé. L’Administration Publique est dirigée par des corrompus avérés. S’il y a une chose que l’inculpé a su prouver depuis qu’il est au Palais National, c’est son attachement viscéral aux personnalités au passé douteux, qui ont des démêlés avec la justice. De Wilson Laleau, impliqué dans la dilapidation des fonds du Pétro Caribe, chef de son cabinet, passant par Yolette Mingual, ancienne conseillère électorale poursuivie par la Justice pour corruption, mais nommée directrice du Ministère des Haïtiens Vivant à l’Etranger, Jovenel Moïse n’a rien à reprocher. Et pour allonger la liste, il nomme Renand Hédouville Protecteur du Citoyen. Le successeur de Florence Elie n’est pas au-dessus de tout soupçon. Renand Hédouville est connu comme un batteur de femme. Des organisations de droits des femmes, dont la SOFA, avaient dénoncé le protecteur à peine nommé. Elles ont rapporté que la femme de Renand Hédouville avait porté...

Vivre en Haïti, c’est frôler la mort au quotidien

Crédit Photo: Photographe inconnu   Rien n’est sûr dans ce pays. Pas même la montée du drapeau. Vivre dans ce coin de terre, est le choix du vrai combattant. Ce dernier doit se battre contre l’insécurité, le non-accès aux soins de santé, le chômage, des propositions indécentes, le manque d’infrastructures routières. Ici, toutes les conditions sont réunies pour mourir toutes les soixante secondes. Nos routes et véhicules Piétons et automobilistes partagent le même espace. Le trottoir, étant occupé par des détaillants, prendre la chaussée reste l’unique alternative. Ce qui revient à dire que des vies humaines sont exposées, au manque de vigilance de certains conducteurs. Que dire de l’état de certains véhicules ? Ils sont des carcasses roulantes. Ces « véhicules » circulent librement sous les yeux des agents de la Direction Centrale de la Police Routière, DCPR, sans feux avant, encore moins d’avertisseurs sonores. Et que dire des installations électriques vi...