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L’envie de vivre chez l’Haïtien



Le peuple haïtien, à mon humble avis, est le plus résilient de tous les peuples. Avec moins d’un dollar américain par jour, l'haïtien continue de vivre, de croire en un lendemain meilleur. Il n’est pas exigent. Il ne demande qu’un minimum qui se résume, dans certains cas, au boire, au manger, à un boulot, même indécent.

En dépit de la misère et du gaspillage des fonds qui devaient servir à améliorer ses conditions  de vie, le peuple montre tous les jours son vif désir de vivre, de profiter du peu de la vie. Une vie rendue invivable par ceux qui ont été élus par des votes pour l’améliorer.

Dans des villages, à la campagne, la joie de vivre est bien visible sur les visages : le beau sourire des gens, le « bonjou kòmè », le  « bonjou konpè » des campagnards, le football avec des ballons fabriqués des « retay twal », entraide citoyenne, le chant d’une lessivière au bord de la rivière, l’ambiance des tambours, de tchatcha, des autres instruments artisanaux… c’est la vie en dépit des manques.

À Port-au-Prince, la capitale Haïtienne, appelé ironiquement Port-au-Crime, par plus d'un, c’est la mixité des gens venant des dix départements géographiques du pays. Des hommes et des femmes, tous en quête d’un mieux-être. Par exemple, la marchande de « pistach griye » qui n’a même pas mille gourdes de marchandise dans sa corbeille, mais qui espère vivre mieux. Le portefaix au marché de la Croix-des-Bossales, en sueur, transporte des sacs géants d’un endroit à d'autre, des bricoleurs de pièces de véhicule à la rue du Champs-de-Mars qui identifient toujours un problème en plus à ton véhicule. Et que dire des milliers d’écoliers qui apprennent, désespérément, dans de mauvaises conditions ? Je regarde souvent avec amertume des étudiants qui, après leurs études, finissent sur le béton et refusent de quitter le pays. Je comprends également cette envie de vivre de tant de  jeunes filles et garçons qui se tournent vers le Brésil ou le Chili, leurs principaux Eldorado, des cireurs de bottes qui perçoivent dix gourdes par chaussures. Le désir de vivre se fait remarquer également dans la cacophonie des vocale des petits détaillants un peu partout à Port-au-Prince, exposés aux assauts des bandits.

Vivre avec le peu, vivre sans le strict minimum,  vivre sans rien, vivre sans aucun espoir d’avoir une voiture, une belle maison… c’est vivre quand même. Si seulement les dirigeants arrêtaient de gaspiller les fonds publics, et leur offrir un mieux-être qui leur revient de droit, le soleil de justice luirait enfin pour ces hommes et femmes qui luttent dans la dignité.

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