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DE VOUS A MOI: Générosité dérangeante


En principe, tout le monde aime bien être l’objet d’une générosité de temps à autre, et comme le dit le proverbe, les petits cadeaux entretiennent l’amitié. Mais même dans l’amitié, il ne faut pas pousser et croire que tout est partageable.
D’ailleurs, souvent nous entendons des mauvaises langues qui poussent du feu dans les affaires des gens en insistant que si entèl te zanmi-w vre, li patap gen sekrè pou ou… Croyez-moi, il y a des choses dont on n’a vraiment pas besoin de faire profiter les autres !

Laissons de coté les amis, prenons des situations générales. Avez-vous jamais été dans un endroit public où l’usage du cellulaire n’est pas interdit, et puis vous tombez sur quelqu’un qu’i vide son ventre dans une conversation ? Cela m’arrive souvent de rencontrer ces cas dans les supermarchés ou certains magasins. Vous fixez la personne, vous fronces les sourcils, vous amarrez votre mine en signe de désapprobation : bobêche ! A croire que vos efforts ou les différentes expressions qui passent sur votre visage l’encouragent à augmenter le volume de sa garganne !

Encore que je peux aller dans un autre rayon ou même un autre supermarket, mais mezanmi, et quand ça vous arrive pendant que vous êtes au studio de beauté ? Pas moyen de virer votre dos si vos pieds trempent dans la bassine, ou si le vernis vient d’être posé sur vos ongles ! Ah ! définitivement, les appels-vidéos en public doivent être placés ou reçus avec la discrétion que donnent les écouteurs et le contrôle du ton de la voix. Sinon, il faut attendre d’être chez soi ou dans son véhicule. Moun nan rele on lôt, il/elle vocifère dans le combiné, il rablabla, il passe le téléphone ou la tablette à une tierce personne, yo pale tout tenten, et tous les autres clients doivent subir…
Ou bien encore cette cliente qui décide de faire une scène à son copain, en citant des noms de untel qui m’avait dit ci ou ça… on t’a vu avec untel… moi, digne fille de untel… Mezanmi non ! C’est bien gentil à vous de vouloir partager le feuilleton de votre vie privée, mais nous le public on n’en veut pas forcément.

Je ne vous apprends rien en rappelant que le courant électrique est une denrée précieuse dans ce pays… Eh bien, figurez-vous que j’ai rencontré des citoyens qui m’ont avoué qu’ils se résignent sans rechigner avec le rationnement drastique, non par manfoubinisme, mais à cause de leurs voisins, de parfaits malotrus. Noooon ! Ouiiiiii ! Dès que l’Ed’H donne le courant : Bing ! Radyo vwazen yo ouvè tout volim ! Et moi qui croyais avoir le monopole de cette misère. Eh non, ma souffrance est partagée dans plein d’autres quartiers. Donc, le voisin décide de partager avec le voisinage les émissions qu’il aime, la musique qu’il aime ; si ça le rend heureux, eh bien que son bonheur soit partagé !

Vous aimez lè tanbou marye ? C’est très bien, moi aussi. La musique classique est ma bonne amie.  Je n’ai rien contre la musique rabôday, mais de grâce ne venez pas m’imposer votre tranche d’heure ni les chansons de votre playlist ! Vous préférez les émissions évangéliques comprenant les gros coups d’Amen et d’Alleluia ? C’est très bien, mon âme aussi est bénie à l’écoute de certaines prédications, mais lorsque vous poussez le volume de votre récepteur ou de votre TV à fond, au lieu d’apprécier ou de se convertir tel que vous le souhaitez, vous risquez de préférence de vous faire détester, et pire, de faire détester par certains voisins le Sujet des louanges…
Pour ceux qui l’ignorent, le mot Shalom signifie Paix !

Certains voisins sont tellement généreux qu’ils décident d’une certaine façon de vous faire partager leurs repas. Toutefois, n’étant pas certains que wap aksepte manje nan men yo (sécurité oblige), eh bien ils déposent leurs fatras sur la chaussée devant votre barrière…

Hmmm.  Je n’ose pas soulever la question des ‘amis’ qui croient devoir partager avec vous certains détails salaces de leur vie sexuelle, ou qui vous font vivre, contre votre gré, leurs misères en couple (ou tou pè pataje opinyon-w pou yo pa di se ou ki te ba yo konsèy lage cha-a…) Non, je préfère ne rien dire, sinon trop de gens diraient que c’est pointe que je tire. Podyab moi…

De vous à moi, il est délicat de faire comprendre aux gens qu’on ne peut pas apprécier ou accepter tous les gestes de générosité, alors que la seule chose si simple que vous aimeriez vraiment demander au généreux… se ban’m talon’w !


Sister M*

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